Bonjour Carmen, pourriez-vous nous parler de votre rôle chez Avatar Mobilité et de votre parcours en recherche et développement dans le domaine des véhicules électriques ?
Je pilote les opérations chez Avatar Mobilité, en supervisant le développement d’Ulive, notre quadricycle électrique ultraléger L7e. Je suis aussi en charge de la structuration de l’entreprise : gestion des équipes, suivi RH, marketing et pilotage des priorités.
Après des études à l'ICAM, j’ai travaillé chez Leroy Merlin sur des missions de coordination et de pilotage, gestion de projet, organisation et management. Aujourd’hui, je mets ces compétences au service d’une mobilité plus durable et plus efficiente. Quand l'équipe s'agrandira, j'espère pouvoir travailler sur l'industrialisation de notre véhicule lowtech.
En tant que responsable des opérations, comment abordez-vous les challenges liés au développement de batteries pour scooters électriques, notamment en termes de durabilité et performance ?
Chez Avatar Mobilité, nous privilégions une approche pragmatique et low-tech du stockage d’énergie. Nos batteries sont extractibles, interchangeables et recyclables, pour simplifier la recharge, prolonger leur durée de vie et réduire l’impact environnemental.
Côté opérations, cela implique de travailler en étroite collaboration avec nos partenaires pour suivre la traçabilité, l’état de santé et la seconde vie des batteries. La performance ne se joue pas uniquement sur l’autonomie, mais sur l’adéquation aux usages, la réparabilité et la logistique autour de la recharge.
Avec l'évolution rapide de la technologie des batteries, quels sont selon vous les enjeux principaux en matière de recherche et développement pour les prochaines années ?
L’un des grands enjeux est de réduire l’impact environnemental de bout en bout, depuis l’extraction des matières premières jusqu’au recyclage. Cela passe par des batteries plus sobres, plus durables et plus facilement réparables.
Il faudra aussi adapter les batteries aux usages réels, plutôt que de courir après la plus grande autonomie. Sur Ulive, nous avons 2 à 4 batteries de 2,3kWh, c'est suffisant ! Enfin, la standardisation et l’interchangeabilité des modules seront clés pour faciliter l’adoption à large échelle dans la mobilité légère. Nous y travaillons déjà activement avec d'autres constructeurs de véhicules légers.
Pourriez-vous partager une expérience professionnelle marquante au sein de votre carrière qui a influencé votre approche en tant qu'ingénieure en développement de batteries ?
Je ne suis pas ingénieure en développement de batteries, mais plutôt en conception de véhicules légers et efficients. Mon parcours chez Leroy Merlin, où j’ai participé à la conception des magasins du futur en visitant des dizaines de sites dans le monde et en analysant les évolutions des modes de vie, m’a beaucoup appris sur l’innovation pragmatique et centrée utilisateur.
Couplé à mes fortes convictions écologiques et sociales, cela m’a convaincue de l’importance et de l’utilité du véhicule que nous développons chez Avatar Mobilité. Cette vision claire me donne beaucoup d’énergie et de motivation au quotidien pour relever les défis de la mobilité durable.
Comment Avatar Mobilité s'assure-t-elle de minimiser l'impact environnemental de ses produits tout en répondant aux attentes des consommateurs en matière de performance et de coût ?
Chez Avatar Mobilité, nous éco-concevons Ulive comme un véhicule léger, low-tech et modulaire, ce qui réduit significativement l’usage des matériaux rares et polluants. Son poids ultra-léger (400 kg) permet de consommer moins d’énergie tout en offrant une capacité d’emport optimisée (jusqu’à 4 personnes ou 900 L de chargement). Nous avons réfléchit au poids, à l'efficience, aux matériaux, à leur provenance, à leur durée de vie, à leur recyclabilité, à leur réparabilité...
Nous privilégions des batteries extractibles et recyclables, facilitant la maintenance et prolongeant la durée de vie. Notre approche vise à offrir une solution durable à un coût maîtrisé, adaptée aux besoins réels des territoires périurbains et ruraux.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes ingénieurs intéressés par une carrière dans le développement durable et les technologies propres ?
Je leur dirais de penser low-tech : simplicité, sobriété et efficacité sont des leviers puissants pour transformer l’industrie.
Ensuite, foncez ! Le développement durable a besoin de talents dans tous les secteurs, pas seulement dans les startups.
Il y a des défis passionnants à relever dans nos PME et ETI existantes, qui ont souvent besoin de nouvelles énergies pour accélérer leur transition. Pas besoin d’attendre le “projet parfait” : engagez-vous là où vous êtes utiles, maintenant.
Pensez-vous que l'intégration des énergies renouvelables dans la technologie des batteries pour scooters électriques pourrait transformer le marché actuel ? Si oui, comment ?
L’intégration des énergies renouvelables dans l’écosystème des batteries pour véhicules légers peut véritablement transformer le marché, à condition de l’aborder de manière systémique et pragmatique.
1. Vers une chaîne de valeur plus circulaire et décarbonée : L’un des principaux enjeux des batteries actuelles n’est pas tant leur usage, mais leur production, très émettrice de CO₂. En intégrant les énergies renouvelables dans les processus de chargement (via des bornes solaires, par exemple) et surtout de production et d’assemblage, on réduit considérablement l’empreinte carbone du cycle de vie des batteries.
2. Autonomie énergétique locale : Le déploiement de batteries couplées à des sources renouvelables (photovoltaïque, éolien de petite taille) permettrait aussi aux usagers de s’affranchir partiellement du réseau. Cela ouvre la voie à des systèmes de micro-mobilité décentralisée, particulièrement utiles dans les zones rurales, insulaires ou les territoires peu connectés.
3. Accélération du swap et des modules extractibles : Les véhicules comme Ulive, qui embarquent des batteries extractibles de petite capacité, se prêtent bien à des logiques de recharge solaire autonome. Cela favorise le développement de stations solaires de recharge ou d’échange, et donc une réduction des pics de charge sur le réseau.
4. Nouveau modèle économique pour les flottes : Pour les professionnels ou collectivités, intégrer des batteries rechargeables à partir de renouvelables permet une meilleure maîtrise des coûts opérationnels à long terme, avec une logique d'investissement CAPEX/RSE plus vertueuse.